L’arme nucléaire dans le monde, 50 ans après l’adoption du Traité sur la non-prolifération nucléaire

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À l’heure du cinquantième anniversaire du traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP), quel bilan dresser de la situation de l’arme atomique dans le monde ? La commission des Affaires étrangères a souhaité conduire un effort de mise en perspective historique pour donner de la profondeur aux débats, très actuels, sur les programmes nucléaires nord-coréen et iranien. Il s’agissait aussi de surmonter le fossé en train de se creuser entre les États protégés par l’arme nucléaire, dont la France, qui la considèrent comme indispensable à leur sécurité, et les 122 États de l’ONU qui, en juillet 2017, ont voté en faveur d’un traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires (TIAN), premier texte à rendre illégale et illégitime la possession de telles armes. Adopté le 1er juillet 1968, le TNP avait pour objectif premier d’empêcher la prolifération des armes nucléaires. Seules les 5 puissances alors dotées – États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France et Chine – pouvaient légalement posséder cette arme, tandis que tous les autres pays signataires y renonçaient solennellement, en contrepartie d’un accès facilité aux applications pacifiques du nucléaire. En outre, les puissances nucléaires s’engageaient à cheminer vers le désarmement nucléaire. Depuis cinquante ans, le TNP a été confronté à plusieurs crises de prolifération, mais « seuls » quatre États ont finalement acquis l’arme nucléaire : Israël, l’Inde, le Pakistan et la Corée du Nord. Hormis ces quatre pays, tous les États de l’ONU se sont ralliés au TNP, considéré comme le meilleur compromis pour sauvegarder la sécurité internationale. Mais cet engagement doit être contrebalancé par un effort réel, de la part des puissances nucléaires, pour libérer le monde des dangers liés à l’existence de l’arme nucléaire. Un mouvement substantiel de désarmement nucléaire a été conduit avec la fin de la guerre froide. Cependant, la mécanique est aujourd’hui enraillée, et le stock d’armes mondial – environ 15.000 ogives – reste plus que suffisant pour détruire la planète. Alors que toutes les puissances nucléaires modernisent leur arsenal, l’objectif d’un monde sans armes nucléaires semble aujourd’hui très lointain. Les rapporteurs estiment que cette situation affaiblit la légitimité du TNP et ravive les risques de prolifération nucléaire. Ils appellent la France, qui veut être une puissance nucléaire responsable, à jouer un rôle de facilitateur pour pousser au dialogue entre États nucléaires et promouvoir des mesures de désarmement concrètes et progressives. Ils estiment que la France pourrait également accentuer les efforts de pédagogie et la transparence autour de son propre arsenal.
Keywords: 
Nuclear Safety, Security & Defence, Global Strategy
Country of publication: 
France
File: 
Publication date: 
Wednesday, July 11, 2018
Title Original Language: 
L’arme nucléaire dans le monde, 50 ans après l’adoption du Traité sur la non-prolifération nucléaire
Abstract Original Language: 
À l’heure du cinquantième anniversaire du traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP), quel bilan dresser de la situation de l’arme atomique dans le monde ? La commission des Affaires étrangères a souhaité conduire un effort de mise en perspective historique pour donner de la profondeur aux débats, très actuels, sur les programmes nucléaires nord-coréen et iranien. Il s’agissait aussi de surmonter le fossé en train de se creuser entre les États protégés par l’arme nucléaire, dont la France, qui la considèrent comme indispensable à leur sécurité, et les 122 États de l’ONU qui, en juillet 2017, ont voté en faveur d’un traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires (TIAN), premier texte à rendre illégale et illégitime la possession de telles armes. Adopté le 1er juillet 1968, le TNP avait pour objectif premier d’empêcher la prolifération des armes nucléaires. Seules les 5 puissances alors dotées – États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France et Chine – pouvaient légalement posséder cette arme, tandis que tous les autres pays signataires y renonçaient solennellement, en contrepartie d’un accès facilité aux applications pacifiques du nucléaire. En outre, les puissances nucléaires s’engageaient à cheminer vers le désarmement nucléaire. Depuis cinquante ans, le TNP a été confronté à plusieurs crises de prolifération, mais « seuls » quatre États ont finalement acquis l’arme nucléaire : Israël, l’Inde, le Pakistan et la Corée du Nord. Hormis ces quatre pays, tous les États de l’ONU se sont ralliés au TNP, considéré comme le meilleur compromis pour sauvegarder la sécurité internationale. Mais cet engagement doit être contrebalancé par un effort réel, de la part des puissances nucléaires, pour libérer le monde des dangers liés à l’existence de l’arme nucléaire. Un mouvement substantiel de désarmement nucléaire a été conduit avec la fin de la guerre froide. Cependant, la mécanique est aujourd’hui enraillée, et le stock d’armes mondial – environ 15.000 ogives – reste plus que suffisant pour détruire la planète. Alors que toutes les puissances nucléaires modernisent leur arsenal, l’objectif d’un monde sans armes nucléaires semble aujourd’hui très lointain. Les rapporteurs estiment que cette situation affaiblit la légitimité du TNP et ravive les risques de prolifération nucléaire. Ils appellent la France, qui veut être une puissance nucléaire responsable, à jouer un rôle de facilitateur pour pousser au dialogue entre États nucléaires et promouvoir des mesures de désarmement concrètes et progressives. Ils estiment que la France pourrait également accentuer les efforts de pédagogie et la transparence autour de son propre arsenal.
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