Les millions de migrants qui sillonnent le monde ne sont ni des statistiques, ni une menace ni même une chance. Ce sont simplement des êtres humains qui se cherchent une place pour vivre, chassés de leur pays par la guerre, la misère... et l'espoir. Il ne faut pas sous-estimer la force qui les porte. Ceux qui pensent l'arrêter en essayant de rendre nos frontières étanches n'en mesurent pas la difficulté. Mais ceux qui croient souhaitable de ne pas chercher à l’encadrer en sous-estiment les conséquences. Que le sens de ce mouvement aille du Sud vers le Nord, c'est à dire de la pauvreté vers la richesse, ne saurait surprendre. Mais ce mouvement est aussi régional, en Asie ou en Afrique, et exprime la capacité d'adaptation des peuples aux réalités climatiques, économiques, militaires qui affectent leurs territoires. Le monde où nous vivons n'a jamais été complètement hérissé de murailles, les Européens le savent bien ils ont longtemps été partie prenante de ces flux. Mais ce mouvement ne peut non plus être considéré comme une fatalité. Il soulève en effet des peurs, entretient des interrogations, suscite des réactions pouvant aller jusqu'à la violence, à la xénophobie et au racisme. Il exige donc que les politiques publiques s'en emparent, que des stratégies se mettent en place. C'est tout le défi qui s'adresse à notre Vieux Continent. Poussé à la générosité par la simple référence à ses valeurs, il peut aussi ployer sous le poids des égoïsmes mais aussi des angoisses légitimes de peuples qui hésitent à partager une "prospérité" vacillante depuis la crise de 2008. Mais ces problématiques sont-elles si nouvelles? La politique n'est-elle pas l'art d'accorder, sinon les contraires, du moins les contradictions? L'éthique de conviction et l'éthique de responsabilité. La relative indifférence qui entoure les milliers de morts par noyade en Méditerranée ne peut pas durer! Ainsi des conditions de vie qui sont faites à ces hommes, femmes, enfants dans la boue de Calais, accrochés aux barbelés d'une frontière cruelle voulue par le Royaume-Uni. Nous n'avons pas voulu nous en tenir à la colère et à l'indignation et avons cherché à définir honnêtement ce qui pouvait être fait pour commencer à apporter à ces questions des réponses pratiques et, à défaut d'être complètes, pertinentes. Non pas régler la situation (qui pourrait y prétendre ?) mais améliorer sa compréhension, et par voie de conséquence, sa gestion et son évolution.